Où comment j’ai aimé un film
d’intello aux multiples prix dans tous les grands festivals de cinéma.
Un
film primé à Cannes (ou même nominé), sauf exceptions c’est très vite catalogué
comme film d’auteur, ce qui signifie pour les puristes un film imbuvable et
profondément chiant et que, généralement, j’aime pas trop (non mais regardez le
gagnant à Cannes l’année dernière : ça craint !). Et bien c’est dans
cet état d’esprit réfractaire que j’ai fini par m’installer devant le monument
(selon la critique) de Maïwenn : Polisse.
Et bien ma foi, mon scepticisme a été puni : le film est très réussi et
plutôt bien interprété. Donc voilà, encore une fois sans transition, cher
allociné, quel résumé officiel nous fais-tu de ce film ?
Le quotidien des
policiers de la BPM (Brigade de Protection des Mineurs) ce sont les gardes à
vue de pédophiles, les arrestations de pickpockets mineurs mais aussi la pause
déjeuner où l’on se raconte ses problèmes de couple ; ce sont les auditions de
parents maltraitants, les dépositions des enfants, les dérives de la sexualité
chez les adolescents, mais aussi la solidarité entre collègues et les fous
rires incontrôlables dans les moments les plus impensables ; c’est savoir que
le pire existe, et tenter de faire avec… Comment ces policiers parviennent-ils
à trouver l’équilibre entre leurs vies privées et la réalité à laquelle ils
sont confrontés, tous les jours ? Fred, l’écorché du groupe, aura du mal à
supporter le regard de Melissa, mandatée par le ministère de l’intérieur pour
réaliser un livre de photos sur cette brigade.
En dehors du quotidien plutôt
glauque de la Brigade de protection des mineurs, on va dans ce film
s’intéresser principalement au drame (parce que oui « drame » est le
mot le plus adapté, c’est profondément dramatique ce film, ça rend un peu même
dépressif) humain. Les agents de la brigade ont l’air d’en chier et toi, seul
face à ta télé, ton ordi (bouuuh pas bien ! Le streaming c’est le
maaaaal !), ton Ipad, ton écran de ciné,... et bien t’en chies avec eux.
Bref, c’est cru, c’est beau, c’est puissant, et t’y crois ! Toute la thèse
du film va alors reposer sur la meilleure façon de concilier une vie privée,
qui s’en trouve rapidement ébranlée jusque dans ses fondements les plus
fondamentaux, avec la démonstration quotidienne de la misère humaine, ce que
parviennent du reste à exprimer de la plus belle manière possible Karin
Viard dans son rôle de fraiche
divorcée et Marina Foïs dans celui de flic psychorigide et anorexique. Parce
que oui, des enfants qui crèvent la gueule ouverte (pardonnez-moi l’expression)
c’est toujours plus forts que des soldats bourrins qui ont des révélations sur
la condition humaine perdus au fin fond de la jungle vietnamienne avec des
connards professionnels de la guérilla qui leur collent au cul... Oui mais vous
méprenez pas : Apocalypse Now, Full Metal Jacket, ou tout autre film de
guerre un minimum réfléchi ça envoie du pâté chinois quand même ! Donc vie
privée et vie professionnelle comme thème principal ; mais aussi la
condition de la police qui en tant que service public est :
1. Fortement hiérarchisé (en tant que service public
régalien, reprenez vos cours de droit administratif...)
2. Doit selon la Loi, faire abstraction de tout type de
conviction personnelle, et par conséquent, d’implication morale
Mais alors, pour les agents de
la BPM chargés de veiller à la sûreté de l’enfance, cela apparaît de plus en
plus difficile de s’écraser devant le boss parce que des fois, et c’est triste
nous sommes tous d’accord, on estime que la sûreté de l’Etat, de l’intégrité
territorial, de la protection civile dans son intégralité, c’est éminemment
plus important que quelques gamins sans-papiers qui mendient pour survivre et
se font tabasser par leurs ainés (voyez
toute l’ironie de la situation). Cependant, cher internaute, ne te méprend
pas à nouveau, le véritable intérêt de ce film va résider dans sa
représentation des relations humaines avec un avantage certain, contrairement à
d’autres films dont je tairais l’intitulé, de ne pas trop faire dans le mélo et
le larmoyant. D’ailleurs ce thème du
misérabilisme qu’un tel métier pourrait induire est plutôt bien
géré : alors oui ça en chie, oui ça ouvre fréquemment les vannes, mais on
arrive quand même à se réjouir quand on sauve un môme et Maïwenn va consacrer
une scène toute entière (attention spoiler !) à prendre chèrement pour son
grade pour le rappeler... Enfin, le film ose, et ose taper dans le sujet
sensible en s’insérant (en sautant à pieds joints ?) dans le débat de la
diabolisation de la police par la société française actuelle... (Mais vade
retro, voilà une problématique trop délicate pour que mon avis personnel sur la
question vienne renverser l’opinion publique, où même pour que j’aie envie de
le diffuser !)
Ebé voilà, en conclusion,
Polisse est un film simple et efficace, sans (presque sans) faute scénaristique
(oui parce que bon la situation familiale de Maïwenn/Mélissa dans le film c’est
trop drôle, trop pas probable et trop de pas super bon goût), les acteurs sont
bons, l’histoire s’enchaine plutôt bien, la chute finale est plutôt brutale et Joey
Star nous offre une performance remarquable, on est bien loin de NTM là !
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