Aloooooors, de quoi qu’on va bien
pouvoir parler en cette fin de semaine ?
Et
bien c’est simple, hier le président de la République Nicolas Sarkozy a annoncé
sur TF1 sa candidature à sa propre succession. Aussi, étant donné que l’actualité
ne donne rien de plus d’intéressant cette semaine, on va parler de ça... Non
j’déconne ! Plus sérieusement, on va surtout évoquer le cas de la crise
syrienne, soit un soulèvement populaire instigué par le printemps arabe et
démarré en février 2011, à l’encontre du président/dictateur Bachar el-Assad.
Effectivement, depuis presque un an, des vagues de manifestations secouent le
pays et affolent la presse mondiale tant la situation continue à s’envenimer à
mesure que les jours passent. Et oui, car plus le peuple réclame le départ du
président et l’instauration de la démocratie, plus le régime s’enfonce dans un
déchainement de violence envers les manifestants, si bien que l’ONU – qui
sachons-le, n’a pas peur des mots – commence à qualifier les exactions du
dirigeant comme des « crimes contre l’humanité » (il risque donc de
rejoindre à terme le club très fermé des « plus grands connards de
l’Histoire », où figurent déjà les Saddam, Pol pot et autres raclures de
bidet nazies...). Mais si la
presse évoque principalement les bombardements et autres actions militaires
pour mater la rébellion, nous tenterons de nous placer ici du côté du droit
international, et surtout les solutions qui pourraient éventuellement être
adoptées. Aussi, avant d’entrer dans le vif du sujet, replaçons ledit sujet
dans son contexte. La Syrie est un Etat républicain (ouais et moi je suis
archevêque) dirigé donc depuis 2000 par Bachar el-Assad, qui a succédé à son
père Hafez el-Assad, avec à la tête de l’Etat le pouvoir inconditionnel du
parti Baas. Mais toi derrière ton écran tu te demandes surement « c’est
quoi exactement le parti Baas ? ». Et bien mon ami, le parti Baas est
un parti politique (sans blagues ?) chiite qui a, à l’origine, comme
objectif l’unification de tous les peuples arabes dans un même pays. Par
conséquent, dans ses fondements institutionnels, la Syrie se rapproche
politiquement de la vision égyptienne de Nasser, qui en 1958 voulue rassembler
le monde arabe dans une grande République Arabe Unie. Aujourd’hui cependant le
régime a tout abandonné de son idéologie première, notamment l’unification arabe,
pour ne conserver que la conception autoritaire du rôle de l’Etat,
principalement en ce qui concerne le contrôle des médias et de l’économie
(effectivement, les 5% de croissance n’ont été redistribué qu’à 0,05% de la
population, dont l’entourage du président el-Assad). Par conséquent la
proposition de référendum sur le projet de Constitution le 26 février prochain
peut passer pour une ultime gesticulation du régime avant d’essayer de gagner
du temps.
Maintenant
que les fondations sont posées, la révolution syrienne – puisque c’est là notre
sujet – est un mouvement populaire visant à la chute du régime en place et qui
a profité de l’appel d’air des contestations similaires ayant eu lieu en
Tunisie et en Egypte. Mais si dans ces deux pays susnommés, les dirigeants ont
vite compris qu’il était plus sage de lâcher l’affaire, le parti Baas en la
personne d’el-Assad a opté pour la voie de la répression sanglante et barbare afin
de se maintenir en place. Et comme Big
Brother is watching you partout dans le monde, la communauté internationale
a très rapidement et vivement réagie, avec des réactions pour le moins...
mitigées. Par exemple, la France (avec intrinsèquement l’Union Européenne) et
les Etats-Unis, pays dont la tradition diplomatique est à haute valeur ajoutée,
opteraient pour un plan de sortie crise façon Libye ; tandis que d’autres
tels que la Russie ou la Chine prône plutôt l’inaction (double véto dans ta gueule !), voire éventuellement la
négociation pacifique avec le régime, histoire de leur permettre surement de
décamper sans anicroches. Et malheureusement pour les populations, le respect
du protocole dans les processus de négociations diplomatiques semble parfois plus
important que la sauvegarde de tout un pays. Aussi le problème n’est pas
forcément de savoir comment s’organiser, mais plutôt de décider, et tout ça,
dans l’application la plus parfaite du droit international...
Système
plutôt étrange que ce droit des Etats, qui selon les critères qui le
définissent ne peut s’appliquer que selon le bon vouloir des nations. Prenons
par exemple le cas de la Charte des Nations Unies : si les principes
premiers défendus sont la protection de la souveraineté des Etats (soit la
liberté de faire ce qu’ils veulent sur leur territoire), on n’hésite pourtant
pas à envoyer des troupes de « libération » dans des pays où la
situation est, comme qui dirait nuisible, et ce par le biais de la toute
puissance du Conseil de Sécurité ! Mais si les intentions peuvent être
louables et le massacre de tout un peuple scandaleux, le droit des Etats semble
trop aléatoire pour aboutir à des résultats réellement concrets et a été
l’objet de vives critiques lors de toutes les révolutions dans les pays arabes.
En effet, le Conseil ne peut intervenir qu’en cas de rupture de la paix ou de
menace pour l’intégrité d’un Etat... Alors que faire quand une population
décide par elle-même de remettre en cause ses institutions ? Et que faire
en cas de blocage politique et diplomatique ? La Chine et la Russie ne
reconnaissant pas les manifestants comme des interlocuteurs plausibles pour un
éventuel plan de sortie de crise, et la répression s’avérant de plus en plus
violente, le dernier espoir reviendrait alors à l’influence de l’opinion
publique, surement l’un des derniers bastions de la liberté et du respect du
droit des peuples à disposer d’eux-mêmes face à des structures étatiques qui, soucieux
de préserver leur influence et leurs intérêts, refusent de s’impliquer – voire de
valider – dans un soutien de la volonté des populations.
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